Un lieu, des liens

Un lieu, des liens : la première Maison de la Paix au Liban

Publié le 11 mai 2020

site internet: https://www.anm-mediation.com/article.php?id=NU5rRUZmL01kVmNsdVFUa2Y2SlVmZz09&menu=1

La Médiation se développe, avec succès, en France depuis une vingtaine d’années. Maintenant, que vaut notre jardin des modes amiables si, à côté, à l’étranger, se trouve un désert qui a été et pourrait redevenir une Oasis de Paix ?

Être médiateur, c’est aussi s’ouvrir sur le monde pour accueillir la diversité des approches et permettre -au-delà de nos frontières – le passage du conflit à la Paix.

C’est dire que la Médiation prend tout son sens lorsqu’elle vient à changer quelque chose dans les pays les plus touchés par la crise, la souffrance, la violence, les conflits, la guerre…

Et pour qu’un changement s’opère, quoi de plus nécessaire que de pouvoir s’immerger dans la société civile, rentrer au contact des familles et des organisations, les accueillir dans un lieu porteur de la Paix à laquelle nous aspirons tous (y compris en faisant la guerre) ?

Tel est le sens du projet des Maisons de la Paix1 déployé par le Centre d’Enseignement des Modes Amiables (CEMA).

La première implantation projetée pour une telle Maison se situe dans une région du monde qui constitue un haut lieu de notre civilisation, mais n’a pas connu de paix durable depuis des décennies ; une terre qui constitue un pont entre l’Orient et l’Occident ; un pays dont l’unité passe par la diversité ; un peuple fortement éprouvé par des conflits politiques et militaires qui trouvent pour partie leur origine dans des différends inter-religieux ; une société aux aspects multiculturels dont toutes les couches sont également touchées par une crise économique de grande ampleur ; une Constitution qui garantit la liberté de l’enseignement, et prône la sauvegarde de la diversité culturelle et religieuse : le Liban.

 

Par tous ces aspects, le Liban incarne un lieu de prédilection pour promouvoir des espaces d’éducation à la Paix plus que jamais nécessaires en vue de prévenir les conflits ou contribuer à leur résolution.

C’est dans ce contexte que le CEMA a initié, en septembre 2019, le 1er DU de Médiation éducative au Proche Orient ; en coopération avec l’Université de la Sainte Famille de Batroun2, et s’engage désormais dans la création d’une Maison de la Paix qui sera édifiée à Byblos–Jbeil, à environ 40 kilomètres au nord de Beyrouth.

Pourquoi Byblos?

Haut lieu de la civilisation phénicienne au berceau de notre alphabet, centre culturel du Liban, Byblos est emblématique pour écrire une nouvelle histoire de la Paix dans le Monde : Byblos symbolise le message du Liban au monde, celui d’une coexistence harmonieuse des mosquées et des églises avec des musulmans et des chrétiens célébrant leurs fêtes respectives ensemble.

La Maison de la Paix à Byblos est conçue tout à la fois comme un centre de promotion et de formation aux modes amiables, un espace de médiation accessible au plus grand nombre, et un lieu de vie où des spécialistes de l’enfance pourront accueillir les plus jeunes dans des conditions en adéquation avec la situation financière des familles libanaises.

La mise en œuvre de ce projet procède d’un partenariat entre le CEMA et la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille, Congrégation dont la 1ère maison se trouve précisément à Byblos où elle possède le terrain sur lequel sera construite la 1ère Maison de la Paix.

Précisons que cette Congrégation religieuse apostolique a été fondée en 1895 par un Médiateur international – le Patriarche Elias Howayek – qui a notamment participé à la reconnaissance du grand Liban grâce à la confiance de toutes les communautés dont se compose la population libanaise, confiance qu’il avait su gagner en les écoutant dans leur spécificité, et en les réunissant dans leur commune humanité.

De surcroît, la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille a pour vocation   à travers les crèches, maternelles, écoles primaires, collèges, lycées, universités, Foyers de jeunes filles, Maisons d’accueil et hôpitaux construits un à un depuis plus d’un siècle – la pacification de la société à travers l’éducation des jeunes filles libanaises, la protection de la famille, le soin des malades et l’accompagnement des personnes âgées « sans distinction de religion ou de race et selon les besoins du siècle et du pays ».

C’est dire que la Maison de la Paix, issue de ce partenariat, sera ouverte à tous, à toutes communautés (chiites, sunnites, druzes, chrétiens…) quelle que soit leur confession, la seule foi qui prévale en son sein étant celle dans l’être humain et les valeurs spirituelles qui transcendent les spécificités culturelles : à travers la Maison de la Paix, ce sont les besoins fondamentaux et les valeurs universelles   présents en tout être humain   qui seront à l’honneur.

Reste que la mise en œuvre de cette 1ère Maison de la Paix suppose un soutien financier. Avant de passer à la réfection de la maison existante et la construction de la maison projetée, le CEMA s’engage, depuis plusieurs mois déjà, dans la collecte des fonds nécessaires, fonds qui seront remis à la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille, en qui nous avons toute confiance, eu égard notamment aux aspirations humanitaires qui la gouvernent.

Nous tous, personne physique ou morale désireuse de contribuer à la Paix dans le Monde, nous tous pouvons – chacun à sa mesure – participer à l’édification de la Maison de la Paix : chacun peut, à l’instar des phéniciens inventeurs de l’alphabet et constructeurs de la citadelle de Byblos, chacun donc peut écrire, qui une lettre, qui un mot, qui une phrase, qui un texte, qui l’histoire même de la concorde entre les hommes, en posant une ou plusieurs pierres de cette première Maison de la Paix au Liban.

En cette période de crise sanitaire où un virus confine la moitié de la population mondiale, il est peut-être plus que jamais urgent de penser à de nouveaux lieux de rencontre et de coopération qui sont autant de symboles d’une résilience possible. Plus qu’une Maison, il s’agit d’un projet de Vie qui offre un nouveau regard sur l’avenir.

Et si contagion il y a, au point que nous en venions à être tous contaminés, nous espérons que cette contagion soit celle d’un nouvel humanisme fondé sur l’altérité : c’est collectivement, par l’écoute et le dialogue, que nous pourrons construire une culture de la Paix avec soi, mais aussi avec les autres, et surtout avec le Monde.

Nous faisons le rêve que cette Maison de la Paix au Liban constitue un des pas possibles vers un autre futur, un lieu de rassemblement des femmes et hommes de bonne volonté, et qu’une fois ce projet mené à bien, un véritable Réseau des Maisons de la Paix voie le jour afin qu’en d’autres lieux, à travers le Monde entier, se mette en place une culture de Paix et de coopération.

L’avenir, c’est maintenant : soyons, dès aujourd’hui, les Artisans de la Paix !

Catherine EMMANUEL, Directrice Pédagogique du Centre d'Enseignement des Modes Amiables (CEMA), adhérente ANM

Si vous souhaitez nous rejoindre et œuvrer à la concrétisation de ce projet, n’hésitez pas à vous faire connaître en écrivant à l’adresse contact@cemaphores.org, en appelant notre Secrétariat général au 06 49 29 91 24 ou en vous connectant sur notre site.

Pour écouter l’interview réalisée par Christel Schirmer (de la revue Intermédiés) du 1er « Congrès international pour toutes les Médiations », à Angers en février 2020, sur le projet de la Maison de la Paix : https://cemaphores.org

1 Site internet du CEMA pour la Maison de la Paix

2 Site internet de l’Université Sainte Famille (USF)

3 Les images ont été conçues par un ingénieur libanais : M. Eddy Abi Younes

4 Ibidem