Visite du Cardinal Paroline

Visite du Cardinal Paroline

Visite du Cardinal Paroline à l’Hôpital Libanais Geitaoui – 4 septembre 2020

Mot adressé à son Eminence le Cardinal Paroline,
Au nom des Supérieures Majeures et des Supérieurs Majeurs au Liban
Beyrouth – Karantina, le vendredi 4 septembre 2020

Eminence,
Lorsque Jésus était sur le mont des Oliviers à Gethsémani, et qu’il souffrait son agonie avec gémissement, sueur et sang, l’Evangile de Luc précise qu’un ange envoyé du ciel était venu le réconforter, non pas pour lui épargner les souffrances de la croix mais pour l’aider à la porter jusqu’au bout.
Il en est ainsi entre l’Eglise du Liban et le peuple libanais et l’Eglise universelle. Chaque fois que le pays du Cèdre atteint le gouffre, au moment où on se dit, le Liban est abandonné de tous, et qu’il vit la déréliction de l’agonie, voici que du ciel nous arrive un ange pour nous réconforter et nous maintenir dans l’espérance.
Le geste du pape François lors de l’audience de mercredi dernier, ses mots ainsi que votre présence Eminence parmi nous aujourd’hui comme émissaire du pape, sont pour nous comme cet ange envoyé du ciel pour nous réconforter à porter notre croix jusqu’au bout.
Les gestes et les mots du pape François nous rappellent ceux de notre bien aimé saint Jean Paul II lorsque notre pays et notre peuple exsangues par 15 ans de guerre a eu le geste prophétique de venir à notre secours en décidant un synode comme espérance nouvelle pour le Liban.

Voulez-vous dire à notre Pape que l’Eglise du Liban est une Eglise tout-terrain. Les congrégations religieuses, les ordres religieux sont partout où se trouve le peuple. Nos institutions éducatives et sanitaires sont disséminées aux quatre coins du Liban. Elles ont toujours été considérées comme un socle qui maintenait la population dans leur terre. Elles ont toujours été partout là où l’Etat faisait défaut, là où l’Etat aurait dû être, et voici qu’à l’heure actuelle ce socle est venu à s’ébranler et pour cause. La succession et l’accumulation des crises en sont venues à bout.

A l’heure actuelle notre Eglise est en grande souffrance, elle est comme ce peuple qui souffre, elle est le peuple qui souffre. Elle est atteinte dans sa chair et dans son âme.

Après la double explosion du port de Beyrouth, à l’heure actuelle nos jeunes religieux et religieuses, nos séminaristes et nos jeunes prêtres côte à côte avec toute cette foule de bons samaritains, sont partout en train de déblayer, de nettoyer, d’aider, de servir et d’inventer la survie.

Aujourd’hui, à l’heure où l’avenir de notre pays est en question, un jeu, un pion entre les mains des Puissances de ce monde, comme il l’a toujours été et particulièrement il y a cent ans, nous osons demander à notre bien aimé pape encore un geste, comme il en a l’art, un geste fort et significatif afin de sauver le Liban, ce pays à vocation particulière. Le Liban, ce pays séculaire, ne doit pas mourir. C’est un phénix qui refuse de mourir.

Le peuple libanais mérite la vie. Nos enfants ont droit à la vie, à la sécurité, à l’éducation, à la paix. Nos jeunes ont droit aux rêves, à envisager leur avenir avec dignité et liberté. Le peuple Libanais est un peuple digne, respectable, intelligent, courageux, aventureux, ouvert. Il ne mérite pas d’être traité de la sorte. Et si nos souffrances actuelles étaient des souffrances de l’enfantement nous les porterions jusqu’au bout et volontiers. Mais si elles étaient vaines au prix de beaucoup de vie de nos jeunes ?

Veuillez transmettre à Sa sainteté le Pape nos cris et nos larmes ainsi que nos remerciements filiaux.

Sœur Marie-Antoinette SAADÉ
Supérieure générale de la congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille
Présidente du bureau des Supérieures Majeures au Liban

Père Neamtallah HACHEM
Supérieur Général de l’Ordre Libanais Maronite
Président du bureau des Supérieurs Majeurs au Liban

 

 

 

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