History

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L’intuition fondatrice

L’idée de fonder une congrégation religieuse féminine, maronite, apostolique, autochtone était omniprésente dans l’esprit du Patriarche depuis le début de sa vie sacerdotale (1870). Cette intuition était née en lui lors de ses tournées dans les villages de sa région natale. Comme pasteur – prêtre d’abord, évêque ensuite – il avait bien vu l’indigence de la famille, surtout en milieu rural, et avait cerné ses besoins urgents dans la société de l’époque.

L’intuition fondatrice

L’idée de fonder une congrégation religieuse féminine, maronite, apostolique, autochtone était omniprésente dans l’esprit du Patriarche depuis le début de sa vie sacerdotale (1870). Cette intuition était née en lui lors de ses tournées dans les villages de sa région natale. Comme pasteur – prêtre d’abord, évêque ensuite – il avait bien vu l’indigence de la famille, surtout en milieu rural, et avait cerné ses besoins urgents dans la société de l’époque.

Pour lui, La nécessité de fonder un Institut religieux constituait une solution importante pour le développement et la réparation du tissu social rongé par le fléau de la corruption, de l’ignorance, de l’analphabétisme et de la pauvreté.

À l’époque, il n’y avait au Liban que des congrégations religieuses apostoliques ayant pour mission l’enseignement et l’éducation dans les grandes villes. Il fallait qu’il y ait une congrégation religieuse féminine, apostolique maronite, qui serait implantée d’abord en milieu rural et dans les villages les plus reculés. C’était une initiative novatrice et prophétique au sein de l’Eglise Maronite.

Le Patriarche Hoyek avait la profonde conviction que c’est sur l’éducation de la jeune fille que repose l’avenir de la société tout entière. Pour lui, la jeune fille, future mère, est le cœur et le pilier de la famille, tout comme la famille est le noyau de la société.
Car pour bâtir une société saine et juste, c’est par la femme que sont élevés les futurs prêtre, gouverneur, maître d’école, laboureur, artisan et commerçant. Il voulait alors pourvoir la jeune fille libanaise d’une éducation basée sur les valeurs humaines, civiques et évangéliques. Par la suite, son attention était portée sur tous les membres de la famille, à commencer par les plus vulnérables d’entre eux : les enfants, les malades et les personnes âgés.

Une rencontre providentielle

Après plusieurs années d’attente et de recherche, le projet du Patriarche commence à poindre en 1893 lorsque, chez son ami le Cheikh Assaf El Bitar, il rencontre providentiellement Mère Rosalie Nasr, sœur libanaise originaire de Kleiat-Kessrouan et sa compagne sœur Stéphanie Kardouche, originaire de Nazareth, venues toutes les deux de Terre Sainte à Kfifane pour y fonder une mission.

Le Patriarche Hoyek expose à Mère Rosalie Nasr son projet auquel elle consent à condition que son transfert de sa congrégation soit reconnu et validé par l’Eglise.

Après avoir accompli les démarches canoniques auprès du Patriarche latin de Jérusalem auquel elle était affiliée, le Patriarche Hoyek convoque Mère Rosalie et lui dit : « L’heure de la Providence a sonné. Il est temps de répondre à Sa volonté et d’entreprendre l’œuvre qui nous est confiée en faisant sortir notre projet de la puissance à l’acte. Puisons notre force auprès du Très-Haut et appuyons-nous sur Celui qui n’avait pas où reposer sa tête. Osons l’entreprendre sans relâche ».

Et Mère Rosalie de lui répondre :

« À nous d’être disponibles ; à la Sagesse divine de disposer et à sa Toute-Puissance d’accomplir. Où pourrions-nous nous installer ? Y a-t-il un endroit où loger dans l’immédiat ? ».

Premier logis, messe de fondation

Le Patriarche Hoyek met à la disposition de la petite communauté un petit couvent dans la plaine de Byblos-Jbeil. C’est le premier « logis » dont Mère Rosalie reçoit les clés le 12 août 1895. Le 15 août 1895 a lieu la messe de fondation. Depuis cette date, la fête de l’Assomption est devenue la fête patronale de la Congrégation.

« La Sainte Famille est son nom »

Le Fondateur confère le nom de La Sainte Famille à la jeune Congrégation, convaincu que la sainteté de ce nom poussera ses filles les religieuses à se configurer à l’esprit de la Sainte Famille et à répandre ainsi Ses vertus autour d’elles. La Sainte Famille sera ainsi le plus bel exemple à suivre par toutes les familles libanaises. Ainsi une société saine et solide sera construite. Car d’après lui, les vertus de la Sainte Famille de Nazareth « édifieront les foyers, garderont les familles et préserveront la société de toute corruption ».

Vers une nouvelle destination

À peine fait-elle ses premiers pas que la première communauté est obligée de déménager. Le bâtiment s’avère vite insalubre et inhabitable, ce qui oblige la Fondatrice à chercher un autre « logis ».

Avec l’approbation du Fondateur, Mère Rosalie achète à Ebrine quatre caves qui nécessitent une restauration. Elle y emménage fin septembre 1896, soit un an après la fondation. En 1898, la Congrégation alors compte huit novices, quatre postulantes et trois aspirantes, avec une école à Amchit et une autre à la future Maison Mère de Ebrine.

La grande épreuve

Quatre ans se sont à peine écoulés dans le dur labeur de fondation qu’une grande épreuve vient frapper la jeune Congrégation : le martyr de la Fondatrice. Cette épreuve survient la nuit du 22-23 août 1899 lorsqu’une jeune fille « malade », renvoyée pour inadaptation à la vie religieuse, vient la tuer à coups de couteau. Par une nuit chaude de pleine lune, connaissant les accès du petit couvent, elle se dirige vers la chambre de la Mère au rez-de-chaussée, y entre par une fenêtre ouverte, s’approche de son lit et la poignarde en plein cœur. Mère Rosalie ne tarde pas à rendre l’âme. Nombreux ont pensé que sa mort porterait un coup fatal à la jeune Congrégation, mais la Divine Providence veillait sur elle. Cette épreuve n’a fait que l’affermir en lui donnant une plus grande fécondité dans sa mission, selon la foi et l’exhortation du Fondateur lui-même.

La relève

« La Congrégation est un projet divin et non voulu par une volonté humaine, prenant appui sur la Providence divine, elle persistera tant que Dieu le voudra », « elle est le champ qu’Il cultive et l’édifice qu’Il construit. C’est Lui qui l’a fait croître et l’a préservée… et c’est Lui qui la préservera et la bénira… C’est à Lui que revient cette Œuvre…»,avec ces paroles le Fondateur relance la jeune Congrégation après la douloureuse épreuve qu’elle vient de subir.

Le 30 août 1899, une semaine après le décès de Mère Rosalie, le Fondateur désigne comme Supérieure sœur Stéphanie Kardouche, compagne et fille spirituelle de la Fondatrice. Touchant à peine la trentaine, Stéphanie, dont la devise a toujours été « Mon Dieu et ma Congrégation ! », se met aussitôt au travail avec la certitude que ni le cultivateur ni l’arroseur ne sauront faire croître le jeune plant de la Congrégation et que c’est Dieu seul qui lui donnera vie.

La construction de la Maison Mère !

Le premier objectif de Mère Stéphanie Kardouch était la construction de la Maison Mère. La décision fut vite prise : c’est sur le sang de la Fondatrice martyre que sera bâtie la Maison Mère. Elle se met elle-même à la tâche, dirige elle-même les travaux et les corps de métier. Les travaux définitifs furent achevés en 1917. La première pierre de la chapelle fut posée en 1907 qui fut consacrée le 6 juillet 1913 par le Fondateur lui-même.

Forte du sang de sa Fondatrice martyre, de la foi et de la volonté de fer de sa co-fondatrice, la Congrégation naissante prend de l’essor et se développe avec une rapidité étonnante, jusqu’à devenir « ce grand arbre où sont venus se nicher les oiseaux du ciel après avoir été un grain de sénevé » , selon le propre témoignage du Fondateur. Dans une des lettres à ses filles les religieuses, il leur reprend à son compte un verset de l’épître aux Philipiens, il leur écrit : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus Christ» (Ph 1, 6).

Un quart de siècle plus tard, la Congrégation de la Sainte Famille comptera dix-sept institutions et plus de cent religieuses. Soixante-dix ans après, ses institutions éducatives et hospitalières seront au nombre de soixante-dix au Liban et huit en Syrie. En 1968, elle sera appelée à s’ouvrir au Continent Australien, notamment à Sydney, particulièrement pour la communauté libanaise en émigration. Actuellement, elle y compte quatre communautés, deux écoles, deux nursing home et un Child care.

Dans les décades 1970-1990, la guerre civile qui avait affecté le pays et ses infrastructures, n’épargnera pas la Congrégation SFM qui fut touchée dans ses personnes et dans ses institutions. Après la guerre, elle devra vite se relever en réhabilitant ses divers secteurs pour faire face aux nouveaux défis du troisième millénaire commençant.

En 1995, elle célèbrera son premier centenaire, faisant mémoire des paroles de son Père Fondateur : « Nous remercions la Divine Providence qui veille sur cette Œuvre depuis sa fondation jusqu’à nos jours l’aidant à se développer, à se consolider, à réaliser de bonnes œuvres et à réussir spirituellement et temporellement ». Au seuil du troisième millénaire, la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille repartira vers une deuxième fondation :

– par le retour aux sources qui lui permet de redécouvrir la sève du charisme fondateur et la spiritualité qui en découle. Elle réécrit ses Constitutions.
– par la modernisation de ses institutions afin de mieux répondre aux besoins de la mission.
par une nouvelle relation avec les laïcs, faite de partage et de partenariat, afin de former avec eux une famille laïque qui puise son dynamisme à la source de la spiritualité des Sœurs Maronites de la Sainte Famille.

Aujourd’hui, la Congrégation SFM compte soixante-deux communautés au Liban, deux en Syrie et quatre en Australie. Elle rend grâce au Seigneur pour tout ce qu’il lui a été donné de réaliser pour Son Royaume et pour Sa plus grande gloire.

La Congrégation à travers visages et mandats

Le Fondateur

Le Patriarche Elias Hoyek (1843-1931)